~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
Le portail de l'actualité vietnamienne

Année :      [2003]      [2002]      [2001]      [2000]      [1999]      [1998]      [1997]

Le Vietnam s'intéresse à l'arabica

Accusé d'inonder le marché avec du café robusta et d'avoir fait chuter les cours mondiaux, le Vietnam se tourne vers la production d'arabica, de meilleure qualité. Le Vietnam ne représentait voilà dix ans qu'une goutte dans la production mondiale de café. Aujourd'hui, c'est le principal producteur de robusta dans le monde et le deuxième exportateur de café après le Brésil, pays qui produit principalement de l'arabica. Mais avec des cours pour le robusta au plus bas depuis trente ans, les producteurs vietnamiens sont en difficulté et Hanoï entame une révision de sa stratégie.

L'Association du café et cacao du Vietnam (VICOFA) entend remplacer les plantations de robusta dans les régions non propices par d'autres cultures et augmenter parallèlement la production d'arabica, notamment dans le Nord montagneux. "Nous voulons accroître la zone de culture de l'arabica pour diversifier notre production de café parce que l'arabica est plus rentable et que ses prix sur le marché sont régulièrement plus élevés", explique Doan Trieu Nhan, président de la VICOFA.

"Mais en même temps, nous souhaitons toujours rester un important producteur de robusta sans affecter la situation mondiale de l'offre et de la demande", ajoute-t-il. L'arabica représente actuellement 20.000 hectares des 500.000 hectares estimés cultivés en café au Vietnam et 2% de la production. Le gouvernement vise pour 2010 une production de 600.000-700.000 tonnes, dont 20 à 30% d'arabica, chiffres jugés très ambitieux par des experts.

Des négociants internationaux de café pensent que le Vietnam devrait plutôt améliorer la qualité de son robusta car l'arabica est plus difficile et plus cher à produire. "Il existe un bon potentiel pour l'arabica mais il est bien plus difficile à traiter que le robusta", note l'un d'eux qui souhaite conserver l'anonymat. "Le Vietnam ne sera jamais concurrentiel en termes de qualité par rapport à des pays comme la Colombie car il est dépourvu des conditions d'altitude adéquates", observe-t-il.

Mais Olivier Gilard, responsable du programme rural de l'Agence française de développement (AFD), pense que "c'est une bonne idée pour la VICOFA de mélanger la production d'arabica et robusta car les prix sur le marché mondial sont meilleurs pour l'arabica, donc les agriculteurs qui en produisent pourront en bénéficier en termes de revenus". Les cultivateurs subissent depuis trois ans des difficultés. Certains ont déjà abandonné le café pour la noix de cajou, le piment ou le maïs. "J'ai commencé à produire du robusta en 1999 en voyant d'autres agriculteurs s'enrichir grâce au café", explique Nguyen Van Be, du district de Long Khanh dans la province de Dong Nai (Nord-Est d'Ho Chi Minh Ville).

"Mais depuis, j'ai perdu de l'argent chaque année. Mes recettes n'ont pas couvert les coûts et j'ai des problèmes pour entretenir ma famille", se plaint-il. La VICOFA, qui tient compte de la sécheresse l'an dernier dans les régions centrales principales productrices, a réduit ses prévisions d'exportation pour 2002-2003 à 520.000/600.000 tonnes contre 700.000 tonnes durant la précédente campagne. Cette baisse était prévisible, estiment des critiques en pointant l'augmentation en flèche de la production (413.580 tonnes en 1997-98, 900.000 tonnes en 2000-01) qui a conduit d'autres pays producteurs à accuser le Vietnam d'être responsable de la chute des cours.

Selon un autre expert occidental, "le Vietnam n'est pas complètement à blâmer. C'est aussi de la faute des acheteurs. Tant qu'ils achètent du mauvais café, les cultivateurs en produiront". Le gouvernement a édicté de nouveaux critères de qualité pour le robusta, mais "il faudra beaucoup de travail avant d'y satisfaire", estime M. von Enden tout en pensant que "c'est un grand progrès pour respecter les critères internationaux et maintenir la compétitivité du Vietnam".

Par Ben Rowse - Agence France Presse - 10 Février 2003.