Un instituteur en colère, perché sur un clocher pour sa retraite
Perché depuis près d'un mois sur le toit de
la cathédrale de Béziers (Hérault), un instituteur
de 58 ans crie son indignation contre
l'administration qu'il accuse de vouloir le spolier
d'une partie de sa retraite.
Sous un soleil caniculaire, André Menras tente,
tant bien que mal, de s'abriter de la chaleur, à
l'ombre de sa tente de camping plantée sur une
plate-forme de quelques mètres carrés, cernée
par le vide. Par deux fois, le mistral violent a
arraché son abri de fortune.
"On veut me faire passer pour un excité qui fait
un geste suicidaire. Mais la vérité, c'est que je
lutte pour l'honneur de ma profession", affirme à
l'AFP ce petit homme énergique au regard
perçant.
Cet enseignant biterrois, condamné à trois ans
de prison en 1970 à Saïgon, où il était
coopérant, pour avoir déployé une banderole
pro FNL (Front national de libération du
Vietnam), n'a qu'un objectif : obtenir l'assurance
que les années de sa détention et les deux
consacrées à militer dans le monde en faveur
des prisonniers politiques, soient prises en
compte pour sa retraite.
Il y a deux ans, André Menras était déjà grimpé
pour les mêmes raisons sur ce même clocher et
y était resté pendant quatre jours. Il avait
obtenu gain de cause.
Pétition d'ex-ministres
Selon les membres de son comité de soutien, qui
gravissent chaque jour les 212 marches de la
cathédrale Saint-Nazaire pour lui apporter des
vivres, deux arrêtés ministériels lui accordant la
prise en compte de ces années avaient été pris
en 2001 sous le gouvernement Jospin. Un
engagement qui n'est plus respecté par son
successeur, enrage l'instituteur, de nouveau
installé à son poste à quelque 57 mètres de
hauteur depuis le 13 juin.
Pour l'instant, les démarches entreprises auprès
du gouvernement et du président de la
République n'ont pas eu de réponse positive.
"Quand les images terribles de la guerre au
Vietnam me reviennent en tête, je me dis que je
tiendrai jusqu'au bout, même si je dois sécher
au soleil, même s'il ne restera plus que mon fils
pour m'apporter à manger", clame-t-il, le regard
perdu sur la vallée de l'Orb, où habitent ses
propres parents qui, très inquiets, ne cessent de
l'observer à la longue-vue.
La mobilisation en faveur de l'instituteur a
démarré. A commencer par les ministres du
précédent gouvernement qui s'était montré
sensible à son cas. Une pétition, lancée par
l'ex-ministre des Transports Jean-Claude
Gayssot, candidat malheureux à la mairie de
Béziers, a déjà réuni les signatures de Laurent
Fabius, de Jack Lang ou encore de Marie-George
Buffet.
Mais pour André Menras, les soutiens les plus
chaleureux viennent de ses amis mais aussi de
ses anciens collègues, dont certains, perdus de
vue depuis plusieurs années, se sont manifestés
en apprenant ses mésaventures.
Par Philippe Zygel - Agence France Presse - 9 Juillet 2003.
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