L’Anapi multiplie les actions sociales au Vietnam
Écoles, routes, dispensaires se multiplient grâce aux dons des vétérans d’Indochine, dont le rêve est d’obtenir l’autorisation d’ériger un mémorial sur la RC 4, à la mémoire de leurs camarades morts au champ d’honneur, entre Lang Son et Cao Bang.
Il y a de nombreux anciens combattants d’Indochine à la Réunion. Mais peu d’entre eux, probablement, savent qu’en métropole existe une association, l’Anapi (Association nationale des anciens prisonniers et internés d’Indochine) qui œuvre activement à la restauration de relations fraternelles avec les “ennemis d’hier”. Et que son action s’est déjà traduite, concrètement, par la réalisation, sur place, depuis une dizaine d’années, de plusieurs écoles francophones, de ponts, de routes, de dispensaires, et par la reconstruction de la cathédrale de Phû-Oc…
A l’origine, l’Anapi avait été créée, à l’ouverture des archives militaires relatives à la période 1945-1954, pour que les droits des soldats du corps expéditionnaire français engagés à cette période en Indochine, et faits prisonniers, soient enfin reconnus comme tels, et que leurs souffrances, endurées dans les camps du viet-cong, leur fassent obtenir des pensions. Tous les dossiers ayant été instruits et menés à bien, l’Anapi, tout en continuant à rassembler ses “anciens”, a alors infléchi sa politique et, à la faveur notamment d’un mémorable “voyage de l’amitié” en 1999, auquel participèrent plus de 200 vétérans, l’association a décidé de développer ses actions sociales, et de venir en aide aux populations locales, sur les lieux des combats d’hier, les Vietnamiens étant restés très attachés à la France, en dépit des souffrances endurées. Avec pour preuve de leur bienveillance à notre égard, leur “laisser faire”, lorsqu’un ancien légionnaire, Rolf Rodel, a entrepris de construire, de ses mains, peu avant ce voyage, un monument aux morts, sur le site même de la bataille de Dien Bien Phu. Un projet pourtant aussi fou que si un soldat allemand s’était mis à en faire autant à Vassieux dans le Vercors.
Un appel aux dons
Toujours est-il, donc, que depuis ce fameux périple de 1999, et l’accueil exceptionnel qu’ils avaient alors reçu, de la part de leurs homologues vietnamiens, bien souvent ex-responsables des camps dans lesquels ils avaient été internés, les sociétaires de l’Anapi n’ont plus cessé de financer des opérations de solidarité, au Tonkin, en Annam et en Cochinchine, de Hanoï à Saïgon, avec le concours des grandes écoles comme Saint-Cyr, mais surtout avec celui de toutes les unités d’active et amicales d’anciens de la légion étrangère, soit en tout plus de 10 000 dons recueillis, pour un total de cinq millions de francs, soit quelque 800 000 euros qui tous, au centime près, ont été réinvestis au Vietnam, pour que des enfants puissent aller à l’école ou se faire soigner. Une ultime action étant actuellement en cours, destinée à aménager, dans une très grande maison, une annexe à une école maternelle de Saïgon, au profit des enfants des rues, déjà financée et construite par l’Anapi, structure qui accueille deux cents élèves, l’association vient de lancer un appel, en métropole comme à la Réunion et dans les autres Dom, à tous ceux qui voudraient contribuer à cette extension.Le chargé de mission de cette opération est le Colonel (er) Jack Bonfils, villa Vallon Fleuri, 232 chemin Pierre-Drevet 69 140 Rillieux-la-Pape (Tél : 04 78 23 64 58), ancien du 11e RCA et de la légion étrangère, habilité à recueillir les dons, que vous pouvez lui faire parvenir pour le compte : ANAPI — CCP n° 13 10 242 Z. Une ultime action (les vétérans de l’Anai sont en effet tous âgés de plus de 80 ans) au terme de laquelle les anciens d’Indochine nourrissent le rêve d’obtenir enfin l’autorisation du gouvernement vietnamien, de pouvoir construire un mémorial sur la route coloniale n°4, à la mémoire des milliers de parachutistes du 1er et du 2e BEP qui y trouvèrent la mort en 1950, lors de la tragique évacuation de Cao Bang. Des négociations étant entamées à ce sujet depuis 2001, ils espèrent qu’à la lumière de tous les “gestes” accomplis, les Vietnamiens feront celui de leur permettre d’honorer leurs morts, dont la plupart, à l’époque, demeurèrent à jamais ensevelis dans les rizières, le long de la frontière de Chine…
Clicanoo.com - 17 Mars 2004
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