La France, un ami qui n'a pas besoin de le prouver
"La France est un partenaire loyal et positif du Vietnam. C'est
un ami qui n'a pas besoin de le prouver", a affirmé Antoine Pouilleute, ambassadeur de France au Vietnam, la veille de sa fête nationale, le 14 juillet.
"Partenaire loyal parce qu'elle est fidèle, efficace et fraternelle", a expliqué le numéro un du corps diplomatique français au Vietnam, Antoine Pouilleute. La récente visite du président du Sénat, Christian Poncelet, demeure un exemple de fidélité. Elle a permis de renforcer la coopération entre les parlements, les gouvernements et les localités des deux pays. La visite du président vietnamien Trân Duc Luong en novembre 2002 montre, quant à elle, l'efficacité des relations de partenariat Vietnam-France. Parmi les 25 dossiers évoqués, lors de cette visite, une vingtaine ont été réglés ou en voie de l'être. En ce qui concerne la fraternité, un exemple très typique qu'il a donné : la lutte contre le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) qui a coûté la vie de cinq personnes dont un médecin français. D'après lui, le succès dans la maîtrise de l'épidémie résulte des efforts non seulement de la branche sanitaire et du gouvernement vietnamiens, mais aussi du soutien conséquent et immédiat de la France par l'envoi de personnels, d'équipements et de 400.000 euros.
Premier bailleur de fonds et investisseur occidental
À l'heure actuelle, la France est fière d'être le 1er bailleur de fonds occidental du Vietnam. Pour l'an 2003, elle a engagé une enveloppe de 85 millions d'euros au Vietnam dans le cadre d'aides publiques pour le développement (APD). En 2002, quelques 77 millions d'euros ont été décaissés et destinés notamment à aider le Vietnam à restructurer le système juridique et politique, à moderniser celui d'éducation et de recherche, à développer la coopération culturelle, à rénover la structure économique et à éliminer la misère.
Quant au secteur d'investissement, avec ses 123 projets d'un fonds direct de 1,6 milliard d'euros, la France se classe en tête parmi les investisseurs occidentaux au Vietnam. La majorité de ces projets fonctionnent efficacement. En ce qui concerne les échanges commerciaux Vietnam-France, la valeur s'est élevée à 650 millions d'euros. Le Vietnam exporte essentiellement en France des chaussures et sandales, des produits de textile et d'habillement, d'articles d'art et d'artisanat, des produits aquatiques pour un total de 385 millions d'euros. En revanche, il importe de France des machines et équipements, des voitures, des produits pharmaceutiques... d'un coût de 265 millions d'euros. Pour renforcer les relations commerciales et économiques entre les deux pays, M. François Loos, ministre délégué au Commerce extérieur conduira, en novembre prochain, une grande délégation d'entreprises françaises au Vietnam. Les secteurs à négocier seront assez divers : télécommunications, transports, énergie, agroalimentaire, tourisme, infrastructures et en particulier, le projet de tramway de Hanoi.
Décentralisation, nouvelle forme de coopération prometteuse
Au Vietnam comme en France, la décentralisation est à l'ordre du jour. Selon les données de l'Ambassade de France, une cinquantaine de collectivités françaises ont établi des liens de coopération décentralisée avec leurs homologues vietnamiens. Les soixante-dix ONG françaises recensées, les 150 accords inter-universitaires signés, la centaine de programmes de recherches conjoints, sans oublier les 16 accords de partenariat hospitalier, témoignent de la vigueur des actions de coopération de la France au Vietnam. Ainsi, quelque 660 actions françaises ont été recensées dans 49 provinces et villes vietnamiennes pour une totalité de 61.
Les secteurs concernés par la coopération française au Vietnam sont très divers: environnement, agriculture, urbanisme, économie, tourisme, francophonie, culture, ... Les actions de formation et de santé sont particulièrement nombreuses. Les cinq plus importants centres urbains du Vietnam concentrent, à eux seuls, 65 % de la coopération décentralisée, dont Hanoi (30,6 %) et Hô Chi Minh-Ville (17,6 %). De nombreux modèles de partenariat de ce genre ont été cités comme "exemples de solidarité et d'efficacité", dont la coopération Aquitaine-Lào Cai, Nord Pas-de-Calais avec Thua Thiên-Huê et Quang Nam-Dà Nang, Île de France-Hanoi. Les "5e Assises des acteurs de la coopération décentralisée franco-vietnamienne", attendues à Toulouse les 13 et 14 octobre 2003, contribueront à porter ce genre de coopération à une nouvelle hauteur. "Dès lors qu'elle sera mieux connue et mieux organisée, cette coopération décentralisée aura un avenir très important au Vietnam" a souligné M. Antoine Pouilleute.
Les défis à relever ensemble
Pour l'ambassadeur français à Hanoi, le Vietnam et la France ont trois défis à relever ensemble. Il s'agit de la mondialisation, de la démocratie et du développement. Il n'a pas oublié de préciser les travaux de l'Ambassade de France à faire prochainement. Ainsi, le 4e Forum économique et financier qui se tiendra en septembre à Hô Chi Minh-Ville sera l'occasion d'en parler. De même, Michel Camdessus, ancien directeur général du FMI (Fonds monétaire international) viendra en novembre prochain parler de la mondialisation à visage humain. Dans le but d'aider le Vietnam à mettre en valeur la démocratie, Renaud Denoix de Saint-Marc, vice-président du Conseil d'État viendra en novembre prochain à la Maison franco-vietnamienne du droit de Hanoi pour animer un colloque sur ce sujet.
Concernant le développement, "la France soutient toujours la stratégie de tous les bailleurs de fonds qui consiste à lutter contre la pauvreté au Vietnam", a confirmé M. Antoine Pouilleute. Cependant d'après lui, cette lutte est nécessaire mais insuffisante. Il ne faut pas laisser des inégalités trop criantes se créer entre les régions, entre les générations, entre les villes et campagnes, entre les pauvres et nouveaux riches. De plus dans le développement, il faut aussi défendre la diversité culturelle et préserver l'identité nationale.
Par ailleurs , le Vietnam est un membre actif de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF). " Ensemble, nous devons faciliter l'accès au savoir francophone, assurer le succès du français comme 2e langue vivante à l'école ". Pour cette dernière question, l'ambassadeur français a donné deux preuves de l'aide française au Vietnam : le projet d'université internationale française du Vietnam (UIFV) qui verra le jour en 2004- 2005 à Hô Chi Minh-Ville et très prochainement, l'inauguration du nouveau Centre culturel français dans la rue Tràng Tiên à Hanoi, début septembre 2003. " Ce sera un grand rendez-vous de l'amitié entre le Vietnam et la France, avant celui que constituera la venue du Président Jacques Chirac à l'automne 2004 pour le 5e Sommet d'Asie-Europe (ASEM)".
Par Thu Hà Nguyên - Le Courrier du Vietnam - 11 Juillet 2003.
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