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Le cinéma ambulant français au Viêt Nam

Ils sont quatre français et un marocain, agés de 23 et 24 ans. Ils projettent des films d'animation aux orphelins et enfants de la rue au Viêt Nam. Ils leur apprennent même à en réaliser.

L'initiative du projet revient à Julien. Ce jeune diplomé d'école du commerce revendique même une lointaine origine vietnamienne. La mère de sa grand mère maternelle était en effet vietnamienne. Le métissage ne se lit pas du tout sur le visage de Julien. Il a plutôt les traits de son père, d'origine tunisienne. "Cela ne se voit pas, mais j'ai bien du sang vietnamien", dit Julien "Le Viêt Nam m'attire depuis longtemps. Mais je ne voulais pas venir en touriste. J'avais envie de faire quelque chôse ici pour laisser une trace".

Après deux ans de préparation, Julien a pu réunir Ali,Nicolas, Caroline et Vang, qui sont spécialisés dans la réalisation, le son et l'animation. Ils sont venus au Viêt Nam afin de rencontrer et de travailler avec des orphelins et des enfants des rues.
Ce jeudi 8 juin, les enfants de l'orphelinat "19 mai" à Hà Nôi sont particulièrement excités. Ce soir, Ils vont voir leur propre film. Pour l'instant, c'est l'heure du goûter avec leurs formateurs de cinéma. Après une semaine, Julien et ses coéquipiers sont devenus de vrais amis pour ces enfants. Julien, lui, multiplie les grimaces et les acrobaties pour faire rire les enfants.
Le soleil commence à se cacher derrière les grans immeubles. Il est temps de préparer la rojection. Une toile de tissu blanc. Un simple magnétoscope. Un projecteur de conférence. Leurs équipements sont légers à transporter.

Les enfants découvrent d'abord le cinéma européen. Julien a sélectionné une vingtaine de films. Des dessins animés muets universellement compréhensible: "Le moine et le poisson", "Paroles en l'air", "La maison sur la colline". le film produit sur place est projeté à la fin de la séance. Histoire de pousser l'attente à l'extrême. Le film réalisé par l'orphelinat "19 mai" est intitulé "La légende du papillon". Il ne dure que quatre minutes, mais a demandé beaucoup de travail. "Ils nous ont demandé d'écrire chacun une histoire pour en choisir une. Puis on a dessiné les personnages, on les à calqués sur un carton noir et on les a découpés", se souvient Nhàn, douze ans. "Et après, on a animé nos personnages sur une machine brûlante". Cette "machine brulante", le projecteur, est posé à même le sol pour produire des ombres chinoiese. Un dortoir de 12 m2 est transformé en studio. Il se trouve sur la terrasse du bâtiment de trois étage, qui sert aussi d'école."Nous avons utilisé nos nattes pour aveugler les fenêtres, pour qu'il fasse sombre comme dans une salle de ciména. Il faisait telllement chaud dedans", raconte Nhàn. Cinq jours ont été nécessaires pour achever le film. Les enfants s'extasient. Phuong a quinze ans et vécu dans les rues sept ans avant d'être reçu à cet orphelinat, il y juste un mois :"c'est vraiment une expérience extraordinaire. Je n'avais jamais vu de films d'animation de ma vie. Maintenant, j'ai même participé à en faire un".

Pour les auteurs de ce projet, c'était aussi une aventure. Le cinéma ambulant leur permet de découvrir un pays dans lequel ils mettaient les pieds pour la première fois. Pendant deux mois, ils ont parcouru le Viêt Nam, de Hô Chi Minh Ville à Hà Nôi, en passant par Cân Tho, Dà Lat et Huê. Dans chaque ville, les techniques cinématographiques variaient: ombres chinoises, pixilation ou papiers découpés. Mais les sentiments sont toujours les mêmes."On doit toujours partir au moment où l'on commence à bien connaître les enfants, c'est très triste", confie Ali, le cameraman de l'équipe. De toute façon, c'est décidé : ils reviendront au Viêt Nam dès qu'ils auront trouvé des sponsors. Le prochain sujet sera un documentaire sur les musiciens de rue.

Julien, lui, se veut plus ambitieux. Il veut collecter des fonds pour créer une école d'animation en faveur des enfants déshérités."Les diplomés pourront vivre de ce métier. Cela existe en france. Alors pourquoi pas ici ? Ces enfants sont tout à fait capables de le faire", affirme Julien.
A rappeler que le Viêt Nam recense actuellement quelques 20.000 enfants sans domicile fixe.

Par Thi Huong - Le Courrier du Viêt Nam - Le 12 Juin 2000.