~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
Le portail de l'actualité vietnamienne

[Année 1997]
[Année 1998]
[Année 1999]
[Année 2000]
[Année 2001]

Suspension de l'adoption au Viêt-nam

La France veut des garanties sur la moralité des procédures.


PARIS - Ce dimanche sera le dernier jour pour les couples français candidats à l'adoption d'enfants vietnamiens. La «suspension» des procédures d'adoption entre la France et le Viêt-nam avait été officiellement annoncée le 29 avril par les ministères de la Justice, des Affaires étrangères, de l'Emploi et de la Solidarité.

«Cette suspension devra permettre de négocier un texte bilatéral qui offre toutes les garanties de la convention de La Haye», souligne un porte-parole du Quai d'Orsay. Cette convention, ratifiée par la France mais pas par le Viêtnam, a notamment pour objectif d'«instaurer un système de coopération entre les Etats contractants pour prévenir l'enlèvement, la vente ou la traite d'enfants». Elle a été élaborée en 1993, alors que l'ensemble de la communauté internationale s'engageait dans un effort de moralisation de l'adoption internationale. Chaque pays signataire s'engage à vérifier que les parents qui abandonnent leurs enfants le font en toute conscience, sans qu'aucune pression financière ou autre n'ait été exercée sur eux.

«Dérives». Concernant le Viêt-nam, premier pays d'origine d'enfants étrangers adoptés dans l'Hexagone, le gouvernement français estime que les garanties, qui doivent être accordées aux familles comme aux enfants, ne sont plus assurées. Le Quai d'Orsay fait état de «dérives graves dans le recueillement des consentements» et pointe du doigt l'épineux problème des intermédiaires, trop nombreux et pas assez contrôlés.

Le député Jean-François Mattei (DL, Bouches-du-Rhône), qui fut à l'initiative de la loi du 5 juillet 1996 relative à l'adoption, se dit «en accord» avec le souci de «moralisation» qui inspire la décision du gouvernement. Mais il met en garde contre une «suspicion excessive», soulignant que la procédure d'adoption à l'étranger, longue et contraignante, nécessite, dans tous les cas, le passage par une institution officielle française, la Mission de l'adoption internationale (la MAI), pour l'obtention du visa d'entrée. Jean-François Mattei suggère que la future convention bilatérale accorde au Viêt-nam un délai de deux ans pour ratifier la convention de La Haye.

Panique. En attendant, la suspension des procédures d'adoption d'enfants vietnamiens a fait souffler un vent de panique dans les familles qui avaient entamé les premières démarches. «Des gens qui n'étaient pas tout à fait prêts sont partis pour être sur le sol vietnamien avant le 9 mai !», s'emporte Danielle Housset, présidente de la Fédération nationale des familles adoptives. Selon elle, «le Viêt-nam n'a pas les moyens de ratifier la convention pour l'instant.» Elle reconnaît certes l'existence d'un réel problème avec les intermédiaires ainsi que la circulation de trop d'argent au Viêtnam, mais elle affirme ne connaître aucun cas de rapt ou de vol d'enfants. Une mère de quatre enfants, habitant dans le Sud-Ouest et dont l'une des filles fut adoptée en 1994 au Viêt-nam, souligne les effets pervers de la décision française : ne contribuera-t-elle pas à conforter la rumeur selon laquelle les quelque 1 300 enfants adoptés chaque année au Viêt-nam seraient pour la plupart des «enfants achetés» ?.

Par ADÉA GUILLOT - LIBERATION, le 8 Mai 1999.