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Il y a 30 ans, Les Etats-Unis et le Vietnam signaient les Accords de Paris

Quelques semaines avant, une pluie de bombes s'était abattue sur Hanoi et peu après, les opérations militaires avaient repris de plus belle. Mais dans l'intervalle, les accords de Paris signés il y a trente ans, le 27 janvier 1973, ont bien ouvert la voie à la fin de la guerre du Vietnam.

Le régime de Hanoi célèbre ces jours-ci avec emphase un moment de l'histoire vietnamo-américaine qui fait ressurgir un vocabulaire d'un autre âge entre deux pays concentrés aujourd'hui sur leurs échanges commerciaux. L'accord prouve que "la justice triomphe toujours de l'injustice et que les nobles causes l'emportent sur la brutalité", selon Phan Thuy Thanh, porte-parole du ministère des Affaires étrangères vietnamien. "Il est le premier document légal qui a obligé les Etats-Unis à reconnaître l'indépendance, la souveraineté et l'unification du Vietnam".

Les Accords ont été signés entre, d'un coté, des représentants du Nord-Vietnam et du Gouvernement révolutionnaire provisoire du sud-Vietnam (GRP, pro-communiste), et de l'autre, les Etats-Unis et leur allié saïgonais. Les Etats-Unis s'engageaient à ne plus intervenir et leurs prisonniers leur étaient rendus. Les forces communistes du Nord et du Sud demeuraient dans les régions du Sud-Vietnam qu'elles contrôlaient. Et le GRP se voyait reconnaître une légitimité au sud, disputant ainsi le pouvoir au président du régime de Saïgon, Nguyen Van Thieu, à charge pour les parties d'organiser des élections libres.

Le 27 janvier concluait officiellement quatre ans et huit mois de négociations. "Mais les choses sérieuses n'ont commencé que mi-1972", explique Laurent Césari, professeur d'histoire contemporaine à l'université d'Arras (Nord de la France). "Toutes les négociations essentielles se sont tenues en secret, hors de la conférence, souvent en région parisienne, dans des locaux prêtés par le gouvernement français ou le Parti communiste français", précise-t-il.

La signature avait été précédée par le blocus du port de Haïphong ordonné par le président Richard Nixon et la plus forte offensive aérienne de la guerre sur le couloir fortement peuplé de Hanoï à Haïphong, en décembre 1972. Lê Kim Chi, directeur de la revue Gia Nôi (Le Vent), parue en France de 1965 à 1977, se souvient de ces semaines fiévreuses à Paris. "On avait des relations fréquentes avec les représentants du GRP et du Nord-Vietnam", se souvient-il. "J'ai lu sur une vieille imprimerie en plomb les accords qui partaient pour la signature. On était sous le choc des bombardements. Pour tous, ça a été un soulagement".

Le gouvernement vietnamien, qui ne rate jamais une occasion de glorifier son histoire, rappelle "les inlassables efforts des diplomates vietnamiens en coordination étroite avec (...) les victoires des forces armées vietnamiennes". "Les leçons de ces négociations demeurent valides aujourd'hui", a ajouté le Vice-Premier ministre Vu Khoan, au cours d'un séminaire dédié à la signature. L'accord n'a évidemment jamais été respecté. "Henri Kissinger (alors conseiller du président Nixon, NDLR) savait en signant que l'armée du Nord-Vietnam ne se retirerait jamais du sud. Les instances prévues pour organiser les élections n'ont pas fonctionné et le sud-Vietnam ne voulait pas de ces accords", rappelle Laurent Césari.

Rapidement, le nord-Vietnam a intensifié son offensive. Jusqu'à la victoire finale et la chute du régime pro-américain de Saïgon, le 30 avril 1975, prélude à la réunification du pays en 1976.

Par Didier Lauras - Agence France Presse - 26 Janvier 2003.