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Incendies de Phnom Penh: le gouverneur veut tuer la rumeur

PHNOM PENH - Le gouverneur de Phnom Penh, Chea Sophara, a menacé de poursuites jeudi ceux qui répandent la rumeur qu'il est derrière les mystérieux incendies, à 48 heures d'intervalle, de deux quartiers de squatters promis à une réhabilitation urbaine. Les incendies qui ont ravagé lundi et tôt mercredi deux zones de baraques délabrées abritant essentiellement des familles d'origine vietnamienne le long de la rivière du Bassac ont fait au total 20.000 squatters sans abris.

"Certains ont répandu la rumeur que j'avais brûlé leurs maisons", a dit le gouverneur à l'AFP évoquant des rumeurs entendues à des réunions publiques, "Je n'ai pas brûlé leurs maisons et n'ai pas de raison de le faire. En fait les terrains (...) appartiennent à des compagnies privées". "La police cherche à arrêter ceux qui propagent ces rumeurs", a-t-il averti. Le démenti du gouverneur, déjà troublant en lui-même, ne suffira pas à apporter des réponses aux questions que beaucoup d'observateurs, notamment des diplomates, se posaient jeudi à Phnom Penh.

Beaucoup s'étonnaient de voir un bilan officiel des victimes aussi faible --un mort et huit blessés-- pour des incendies qui avaient embrasé des heures durant des bidonvilles densément peuplés. La cause des incendies n'était toujours pas connue non plus jeudi. Parmi les propriétaires des terrains où les incendies ont eu lieu, le gouverneur a cité l'homme d'affaires cambodgien d'origine chinoise Theng Bunma, propriétaire de l'hôtel Intercontinental de Phnom Penh et de nombreux terrains dans la capitale.

Les deux zones qui ont brûlé le long du Bassac abritaient des populations figurant parmi les plus pauvres de la capitale, majoritairement d'origine vietnamienne, et étaient promise à des projets de réhabilitation urbaine. Sous la houlette du gouverneur, Phnom Penh a connu déjà d'importants réaménagements, notamment le long du fleuve. "Je n'ai aucune raison de servir les intérêts d'un individu et de faire du mal à des milliers de familles", a ajouté Chea Sophara.

Les relations entre les Khmers de souche et les populations d'origine vietnamienne ont toujours été tendues. Les deux incendies ont aussi eux lieu pendant la visite au Cambodge du président vietnamien Tran Duc Luong. Kek Galabru, présidente de l'organisation non-gouvernementale Licadho, a indiqué que les ONG mèneraient leur propre enquête, expliquant que deux incendies en 48 heures relevaient "d'une coïncidence très étrange".

La multiplication des rumeurs, a-t-elle expliqué, devrait pousser les autorités à trouver des preuves solides pour expliquer ces deux incendies. Le gouverneur avait déclaré la veille que les squatters "ne seraient pas autorisés à réintégrer la zone", expliquant qu'"il y avait eu beaucoup de problèmes dans ces endroits" où s'entassent des familles dans des conditions précaires. Les familles sinistrés ont reçu 30 kg de riz et l'équivalent de 12 dollars et devaient être relogées dans la banlieue.

Mais une intervention des ambassades américaine et britannique, sollicitées par la Licadho, a permis de repousser à trois semaines le début du relogement des sinistés dans la banlieue. "Nous avons besoin de plus de temps, peut-être deux à trois semaines, pour avoir un plan coordonné pour que ces populations soient relogées correctement", a expliqué Kek Galabru. Le gouverneur a accepté d'accorder ce délai. Mais ce répit signifie en clair qu'en attendant un relogement forcé, les sinistrés seront autorisés à rester avec leurs maigres avoirs près de leurs bicoques de bois calcinées.

Par Luke Hunt - Agence France Presse, le 29 Novembre 2001.